J'ai toujours été une personne solitaire.
Durant mes années de primaires, j'étais la petite muette du fond de la cour, qui ne parlait à personne mis à part à celle que je considérais comme ma meilleure amie de l'époque, J.
Chez moi, c'était la fête, je donnais de la voix (les pauvres tympans de mon frère d'ailleurs...), dans ma petite meute, j'étais ouverte, épanouie, mais aussitôt sortie de chez moi, c'était silence radio. Totalement fermée au reste du monde. Une institutrice s'était même mise au défi de me faire parler en classe et sortir de ma coquille, épreuve échouée, je ne faisais que répondre à ses questions, sans jamais prendre l'initiative de lever la main, qui était comme clouée au bureau.
En secondaire, ce fût pareil, à une moindre mesure. J. change de classe, s'éloigne, me voilà liée à L., qui devint mon amie exclusive, tout au long de ces années d'adolescence. Dans mes classes, je n'arrivais pas à créer des liens. Aux cours d'éducation physique, j'étais toujours la dernière sélectionnée par les chefs d'équipe, vous voyez, la dernière qui reste sur le banc et qu'on finit par prendre par dépit et non par choix (cette humiliation...).
Ca aurait pu être pire, je n'étais pas de celles qui se font brimer, je restais justement avec ces personnes pour faire écran de fumée sur ma solitude. Par les autres, j'étais juste... Ignorée. Transparente. Et ça m'allait très bien, je crois. Je le cherchais un peu en ne faisant pas le moindre effort. Il faut dire qu'une discussion avec moi était sans doute une vraie torture. Pas d'initiative de sujets de conversations, les silences qui se prolongent indéfiniment, les réponses laconiques qui finissent par créer le malaise. Les lucides me croyaient timide, ceux ne cherchant pas plus loin me trouvaient antipathique.
Le problème venait du fait qu'il me fallait un temps fou pour être à l'aise avec quelqu'un. Et peu de personnes prenaient la peine d'attendre. En amour, ce fût pire, car que ce soit en paroles ou en gestes, c'était pareil. J'ai été catégorisée de glaçon, de froide comme une porte de prison, de coincée. Heureusement, le vrai amour a pu attendre, et est toujours là. <3
J'ai perdu mon unique amie, L., à l'entrée en supérieures. Contact rompu définitivement de sa propre initiative. Sans rentrer dans les détails, suite à cela, j'ai longtemps craché sur le mot amitié, persuadée que ça n'existait pas, me renfermant encore plus dans ma bulle de solitude.
Tout ça pour en venir au fait que durant toute mon enfance et adolescence, j'étais une âme solitaire, ou presque. Il y a peu, j'ai eu une discussion avec ma mère à propos de ça, et elle me demandait si ça avait changé.
En fait, insidieusement, je suis parvenue à me créer, comme on dit de manière pompeuse, un cercle social. En fait, plus concrètement, j'ai réussi à me faire des amis. Oui, des amis. Je peux le dire maintenant que ma phase de vieille aigrie est terminée. Et c'est arrivé sans que je ne m'en rende vraiment compte. Et c'est complètement fou quand je pense à la fille que j'étais avant. Je sors, j'ai des activités avec des gens, je fais des soirées où je participe à la conversation. Ca peut paraître banal pour la plupart du monde, mais pour moi, c'est une évolution dingue.
Peut-être les réseaux sociaux m'ont aidés à créer ces relations, sans doute. Voilà pourquoi je ne crache pas sur eux, ils permettent de garder des contacts, de conserver des liens qui ne le seraient peut-être pas sans leur aide.
Il n'y a jamais eu autant de personnes faisant partie de ma vie. A différents degrés, certes, mais les faits sont là: Je sais que je peux compter sur une certain nombre de gens aujourd'hui. Et c'est beau de m'en rendre compte.
Ces amis acceptent mes silences, et je m'étonne à les remplir un peu aujourd'hui. Bien sûr, je ne suis pas bavarde, j'écoute plus que je ne parle, mais ce n'est plus une question de malaise mais de façon d'être.
Ces amis demandent de mes nouvelles, proposent de me voir. C'est si nouveau pour moi. Et je n'ai plus d'angoisses à l'idée d'y aller, n'anticipant plus les lourds silences gênants à venir.
Ces amis sont là quand je suis en stress, ou dans la détresse. Même un petit mot de soutien me surprend toujours plus que de raison. Je ne m'y fais pas. Et les paroles d'affection, n'en parlons pas. Je me demande toujours un peu si c'est sérieux ou de l'exagération.
Aujourd'hui, je me surprend même à répondre aux accolades, c'est un pas en avant énorme, moi qui restait les bras ballants le long du corps en attendant que ça s'arrête.
Tout ça pour dire que je voudrais juste vous dire merci. A tout ceux qui sont là, qu'importe à quel degré. Vous êtes dans ma vie, de près ou de loin, et pour une fille comme moi, c'est fabuleux.
Durant mes années de primaires, j'étais la petite muette du fond de la cour, qui ne parlait à personne mis à part à celle que je considérais comme ma meilleure amie de l'époque, J.
Chez moi, c'était la fête, je donnais de la voix (les pauvres tympans de mon frère d'ailleurs...), dans ma petite meute, j'étais ouverte, épanouie, mais aussitôt sortie de chez moi, c'était silence radio. Totalement fermée au reste du monde. Une institutrice s'était même mise au défi de me faire parler en classe et sortir de ma coquille, épreuve échouée, je ne faisais que répondre à ses questions, sans jamais prendre l'initiative de lever la main, qui était comme clouée au bureau.
En secondaire, ce fût pareil, à une moindre mesure. J. change de classe, s'éloigne, me voilà liée à L., qui devint mon amie exclusive, tout au long de ces années d'adolescence. Dans mes classes, je n'arrivais pas à créer des liens. Aux cours d'éducation physique, j'étais toujours la dernière sélectionnée par les chefs d'équipe, vous voyez, la dernière qui reste sur le banc et qu'on finit par prendre par dépit et non par choix (cette humiliation...).
Ca aurait pu être pire, je n'étais pas de celles qui se font brimer, je restais justement avec ces personnes pour faire écran de fumée sur ma solitude. Par les autres, j'étais juste... Ignorée. Transparente. Et ça m'allait très bien, je crois. Je le cherchais un peu en ne faisant pas le moindre effort. Il faut dire qu'une discussion avec moi était sans doute une vraie torture. Pas d'initiative de sujets de conversations, les silences qui se prolongent indéfiniment, les réponses laconiques qui finissent par créer le malaise. Les lucides me croyaient timide, ceux ne cherchant pas plus loin me trouvaient antipathique.
Le problème venait du fait qu'il me fallait un temps fou pour être à l'aise avec quelqu'un. Et peu de personnes prenaient la peine d'attendre. En amour, ce fût pire, car que ce soit en paroles ou en gestes, c'était pareil. J'ai été catégorisée de glaçon, de froide comme une porte de prison, de coincée. Heureusement, le vrai amour a pu attendre, et est toujours là. <3
J'ai perdu mon unique amie, L., à l'entrée en supérieures. Contact rompu définitivement de sa propre initiative. Sans rentrer dans les détails, suite à cela, j'ai longtemps craché sur le mot amitié, persuadée que ça n'existait pas, me renfermant encore plus dans ma bulle de solitude.
Tout ça pour en venir au fait que durant toute mon enfance et adolescence, j'étais une âme solitaire, ou presque. Il y a peu, j'ai eu une discussion avec ma mère à propos de ça, et elle me demandait si ça avait changé.
En fait, insidieusement, je suis parvenue à me créer, comme on dit de manière pompeuse, un cercle social. En fait, plus concrètement, j'ai réussi à me faire des amis. Oui, des amis. Je peux le dire maintenant que ma phase de vieille aigrie est terminée. Et c'est arrivé sans que je ne m'en rende vraiment compte. Et c'est complètement fou quand je pense à la fille que j'étais avant. Je sors, j'ai des activités avec des gens, je fais des soirées où je participe à la conversation. Ca peut paraître banal pour la plupart du monde, mais pour moi, c'est une évolution dingue.
Peut-être les réseaux sociaux m'ont aidés à créer ces relations, sans doute. Voilà pourquoi je ne crache pas sur eux, ils permettent de garder des contacts, de conserver des liens qui ne le seraient peut-être pas sans leur aide.
Il n'y a jamais eu autant de personnes faisant partie de ma vie. A différents degrés, certes, mais les faits sont là: Je sais que je peux compter sur une certain nombre de gens aujourd'hui. Et c'est beau de m'en rendre compte.
Ces amis acceptent mes silences, et je m'étonne à les remplir un peu aujourd'hui. Bien sûr, je ne suis pas bavarde, j'écoute plus que je ne parle, mais ce n'est plus une question de malaise mais de façon d'être.
Ces amis demandent de mes nouvelles, proposent de me voir. C'est si nouveau pour moi. Et je n'ai plus d'angoisses à l'idée d'y aller, n'anticipant plus les lourds silences gênants à venir.
Ces amis sont là quand je suis en stress, ou dans la détresse. Même un petit mot de soutien me surprend toujours plus que de raison. Je ne m'y fais pas. Et les paroles d'affection, n'en parlons pas. Je me demande toujours un peu si c'est sérieux ou de l'exagération.
Aujourd'hui, je me surprend même à répondre aux accolades, c'est un pas en avant énorme, moi qui restait les bras ballants le long du corps en attendant que ça s'arrête.
Tout ça pour dire que je voudrais juste vous dire merci. A tout ceux qui sont là, qu'importe à quel degré. Vous êtes dans ma vie, de près ou de loin, et pour une fille comme moi, c'est fabuleux.